Une énorme émotion m’envahit devant l’indécence des attentats qui ont frappé Paris, le 13 novembre dernier.
Ce ne sont pas des actes gratuits. En filigrane de ces tirs de kalachnikovs, de l’explosion de ces bombes, de ces cris d’humains blessés et meurtris, du silence de ces morts, il y a un grand rien, un grand vide, ou un grand néant, qui essaye de nous attirer dans sa propre vacuité.
Mais s’ils ne sont pas gratuits, sont-ils payants ?
Ils alimentent tous les métastases sociaux qui induisent la peur dans le coeur de l’être humain. Ils renforcent le repli sur soi, l’enfermement, ils condamnent l’intégration à tout devenir et à tout avenir, ils ne proposent rien si ce n’est le vide de l’esprit et l’obéissance absolue à un pouvoir qui enferme dans la camisole de force de l’imbécilité et de l’ignorance. Ils proposent comme seule forme de vivre ensemble, le fanatisme, la perversion et l’asservissement.
Ils nourrissent le fonds de commerce d’une certaine façon de voir la politique comme contre-projet de société. Une politique qui n’a d’autre proposition que l’ostracisme et la discrimination. Fermons-nous au monde, vivons entre cousins, érigeons des nouveaux Guanatanamo, construisons de nouveaux murs, dressons des barbelés, pour interdire toute intrusion inopportune, pour figer tous les accès à la richessse humaine. Une politique qui ne veut rien d’autre que des abus de pouvoir sur des êtres décérébrés.
Alors oui, si nous acceptons cela, les commanditaires de ces attentats auront gagné avec l’aide de leurs complices de l’intérieur qui veulent diviser pour mieux régner et nourrir la peur et le rejet de l’autre comme seule réponse possible à un meilleur avenir.
Il faut avoir le front d’être humain plutôt que d’être national.
Il faut avoir le front de croire que seule la volonté de vivre ensemble permettra de nous défendre de toutes les perversions et de toutes les tentations esclavagistes.
Il faut avoir le front de voir toutes les pépites que chaque homme, que chaque femme, portent en soi comme signe éternel d’identité.
Tous mes amis portent en eux ces diamants comme des symboles qui éclairent leur honnêteté. Et aussi ceux que je ne connais pas encore.
Ils ont le front d’imposer et d’attirer le respect.
Ils sont musulmans, juifs, chrétiens, athées, noirs, blancs, jaunes, rouges, ils sont de toutes les religions, de tous les continents, de tous les peuples.
Ils sont des personnes, les membres d’une seule et même communauté pour qui l’espoir et la fraternité sont les seules raisons de vivre.