Il y a une propension naturelle à promouvoir la création d’entreprise pour dynamiser l’emploi. C’est tout autant le cas dans nos contrées qu’en Afrique.
Mais pour beaucoup, cette voie alternative dans un projet professionnel, offre trop d’impondérables, de complaisance dans l’individualité et la solitude, de besoin de force et de volonté, de soif d’aventure.
Il existe pourtant une autre manière d’aborder l’aventure entrepreneuriale par le biais de l’Economie Sociale et Solidaire.
On trouvera sur le site d’AVISE, la définition retenue par le Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire (CSESS).
L’économie sociale et solidaire (ESS) rassemble les structures qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale, avec pour ambition de créer des emplois et de développer une plus grande cohésion sociale. Engagées dans leur manière de produire et de consommer, elles offrent de nouvelles possibilités d’entreprendre.
Elle place l’humain, le social et l’environnement au coeur du projet économique.
On doit prendre en compte les valeurs communautaires, l’équité, le partage et la solidarité qui sont traditionnellement présentes dans la culture africaine.
Il faut aussi veiller à minimiser toutes les déviances qui accompagnent une croissance plus macro-économique et masquent l’économie réelle.
Affirmer que l’Afrique va bien par qu’elle affiche des taux d’augmentation du PIB de l’ordre de 5 à 7 % ne traduit pas la manière dont cette richesse est répartie.
Comme on peut le lire dans un article de la revue The Economist, repris par Slate Afrique :
Une des raisons à cela est que la croissance économique est partagée de manière très inéquitable. Ces dernières années, les inégalités ont même augmenté plus vite que la croissance dans de nombreux pays d’Afrique.
Cette croissance ne touche pas la population au chômage ou qui vit de l’économie informelle.
La pauvreté est si profonde dans de nombreuses régions d’Afrique que même si les revenus de millions d’habitants ont doublé, ces derniers sont aujourd’hui pauvres alors qu’ils étaient avant extrêmement pauvres.
Il est donc nécessaire d’inventer un entrepreneuriat qui affirme :
Entreprendre, c’est s’emparer du projet économique mais aussi des relations humaines qui le font. Porter un projet à plusieurs implique d’entendre ce que dit l’autre, d’argumenter, de composer avec, d’avancer ensemble. Nous sommes tous ouverts d’esprit, disposons d’un certain recul et partageons la même philosophie de vie, cela facilite les choses
et qui emprunte ses modèles de fonctionnement à la logique coopérative et mutualiste pour mieux épouser les besoins de développement, tout en donnant une valeur sociale et solidaire au capital ainsi qu’à la répartition des profits.
Une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement.
Une économie de type coopératif, où le capital est un acteur au même titre que les membres de l’organisation et le marché, peut donner une nouvelle dimension à l’échange par la mise en application de plusieurs fondamentaux qui sont inscrits dans sa définition.
- Rassembler les structures qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale,
- Contribuer au développement économique local,
- Etre innovante et proposer une réponse nouvelle compatible avec l’état de l’environnement et de l’écosystème.
- Etre économiquement viable et avoir une dimension entrepreneuriale.
Dans cette optique, c’est toute la communauté qui bénéficie du partage des revenus du travail.
Le profit n’est pas une fin en soi mais un moyen mis au service de l’intérêt général. Il contribue à renforcer le développement régional en ajoutant une dimension humaine et sociale, aux valeurs classiques de travail et de capital.
Toute la charge d’innovation que contient cette forme d’organisation fait que celle-ci devient un vecteur fort de développement pour des continents comme l’Afrique si et seulement si elle veille bien à une juste répartition de ses valeurs.
Elle permet de créer des modèles qui possèdent une originalité propre. Elle permet d’inventer une modernité qui soit à la convergence des traditions, des demandes sociales et des innovations technologiques.
Elle permet de réinventer l’Afrique dans l’Afrique, comme le dit Pedro Pires, ancien Président du Cap-Vert.