
La retraite est un troisième âge dans un cycle de vie. Il y a eu avant cela, l’âge de la formation et celui de la vie active.
De manière commune, ce temps est celui du repos « bien mérité », du loisir, de la liberté retrouvée, des vendredis soir éternels et des lundis matin qui chantent.
C’est aussi et surtout un temps de changement profond. Tout l’environnement personnel s’est transformé et les points de repère qui ont guidé notre vie active sont devenus obsolètes. Nous avons perdu le GPS de notre vie.
C’est ce temps de liberté qui va être le plus difficile à gérer. Car, sauf de rares et heureuses exceptions, nous avons souvent vécu dans un univers de dépendances et de contraintes.
Ce nouveau cadre de vie n’est pas nécessairement facile à gérer d’emblée.
L’expérience d’un retraité, c’est aussi une longue histoire de contraintes, un apprentissage d’une soumission à l’autorité, d’autant plus facile à acquérir qu’elle posait des jalons qui facilitaient les décisions à prendre. Il est plus facile de refaire ce qu’on faisait que de réinventer le monde. Surtout quand on croit que la maturité ne se conjugue pas avec le futur idéal.
Il faut se poser une question fondamentale. Comment assumer la découverte de cette indépendance vierge sans tomber dans l’anarchie ? Ou d’une autre manière, comment trouver des nouveaux choix de vie qui soient compatibles avec nos aspirations, notre environnement, nos ouvertures, nos possibles ?
Mais si le senior décide de sortir de ce stade de fixation à un cadre rigide dépassé, il risque de découvrir une expression de la liberté, qui est cette faculté d’agir selon sa propre volonté sans asservir la volonté d’autrui.
Je suis senior et retraité. Comme tous mes camarades au sein de notre association de bénévoles, « AGIRabcd« , nous mettons notre temps libre et nos compétences au service de projets solidaires.
Nous avons aussi une relative juste mesure des dimensions de notre âge. Nous connaissons enfin la vraie liberté du temps et l’aventure du renouveau. Nous ne sommes soumis qu’à l’instant de la mort qui peut être proche ou lointain, à une mort qui peut se préparer sans urgence ni stress, dans le besoin d’être utile, d’être enfin réel.
Nous savons bien que la fin est la conclusion inéluctable de notre devenir mais nous la préparons en essayant de réaliser nos rêves pour les offrir à tous ceux que nous rencontrons. C’est le dernier moment de vivre le long compagnonnage de notre existence dans un monde assailli par la nécessité de l’urgence, du « tout, tout de suite », de la pression du « Hi Tech » et de la nanoseconde.
Notre espace-temps est devenu un lieu de fusion entre la sérénité, l’action, l’amitié et le respect de chacun.
Mais jamais, même dans nos rêves les plus noirs, nous n’aurions pu imaginer que toute aube qui se lève puisse être celle de notre dernier demain.
Prendre sa retraite n’est pas une opportunité d’arrêter de croire en nos engagements, de geler notre sensibilité dans le regret du temps passé, d’enfermer notre volonté d’ouverture dans un égoïsme béat tout en s’installant dans une nostalgie stérile.
Le senior a un rôle de catalyseur dans la société, il sert de passerelle vers une meilleure connaissance en se mettant au service de tous ceux qui ont des besoins d’évoluer et de se développer.
Si, et seulement si, il s’oblige à nourrir sa curiosité et perfectionner sa fonction d’utilité, il peut être là pour aider à avoir une meilleure compréhension des problèmes et multiplier des pistes de solution.
Il faut continuer et sensibiliser tous ceux qui nous suivent, tous ceux qui nous accompagnent, pour faire en sorte que le temps de la sérénité et de l’action s’inscrit dans un aléa quantique. Le hasard reste imprédictible.
Nous sommes mortels dans l’incertain. Acceptons cette vérité pour renforcer nos actions.