Je vous propose de méditer le texte ci-dessous.
Il a été écrit, il y a quelques jours, par une jeune femme, Rehanna Yattara. Elle est malienne, elle a un diplôme d’ingénieur et travaille dans le domaine de la sécurité informatique.
« J’aimerais retourner en Afrique pour causer avec mon père qui maintenant est un sage comme on dit chez nous en Afrique !
J’aimerais retourner juste pour lui dire comment le monde a évolué depuis sa tendre enfance dans son village natal.
Sa tendre mais aussi difficile enfance de fils d’un paysan, agriculteur pauvre d’un village lointain du Mali !
J’aimerais juste lui dire que je me rappelle de ces moments des années 1995 où juste pour envoyer une information de Bamako à Niafunké il fallait 3 jours et il fallait écrire une lettre et y glisser quelques billets de FCFA !
Lui dire que aujourd’hui, en 2018 avec le numérique un simple coup de fil de 25 secondes suffit pour informer à Niafunké et qu’avec le mobile money (Orange money, MobiCash etc..) plus besoin d’enveloppe pour Niafunké !
J’aimerais lui dire que toutes ses encyclopédies qui pesaient 2 kilos, et que j’avais l’habitude de sortir pour apprendre les mathématiques et le français, sont aujourd’hui numérisées et stockées quelques part dans le monde dans ce qu’on appelle un serveur. Et que aujourd’hui le savoir est devenu gratuit sur Wikipédia et d’autres sites web.
Lui dire que je suis désolée d’avoir déchiré et fait disparaître quelques unes de ses encyclopédies à l’époque.
Je ne sais plus où j’avais mis la dernière que j’avais en mains. Une fois elle était à côté de ma valise chez mon oncle. C’est tout ce dont je me rappelle.
J’aimerais lui dire que j’ai envie qu’il reste encore longtemps en vie.
Que je suis si fière de lui !!
Lui dire te tenir encore quelques années et que bientôt les technologies vont pouvoir nous soigner d’un continent à un autre avec la chirurgie à distance. Avec la détection très rapide des maladies avant même que les premiers symptômes n’apparaissent.
Lui dire que bientôt les voitures autonomes vont sillonner les villes en Occident.
….
Moi je suis impressionnée !
J’aimerais juste qu’il sache que tout cela est possible de son vivant ! »
Peu de gens connaissent l’essor de l’informatique mobile en Afrique. Et si on compare cette évolution à d’autres ressources plus fondamentales, la situation peut paraître aberrante.
« Nous vivons dans un monde où il est plus facile d’avoir un portable que de l’eau potable. »
Selon l’Afro baromètre de 2014, en 2013, 93 % des africains avaient accès à la téléphonie mobile, 59 % avaient l’eau courante et 28 % avaient leur habitation reliée à un système d’épuration des eaux.
Dans nos contrées, l’exclusion numérique reste aussi un phénomène de masse comme le relève wetakecare.org dans cette infographie.
Je terminerai en disant simplement que si je n’avais pas des amis africains, je verrais mon Smartphone comme un animal étrange, difficile à apprivoiser, bref un objet à la mode mais inutile.