Dans un billet précédent, nous avons évoqué la mise en place d’un système de pépinières de développement qui rassembleraient des diplômés et des acteurs des collectivités locales ou régionales (communautés rurales, association de femmes, membres du secteur informel, etc.).

Ces structures d’assistance offrent la particularité d’aménager un espace de création collective où tous les acteurs peuvent entrer dans une logique réactive d’échange et d’action dans un grand projet collectif et multiforme où le dialogue doit être l’outil indispensable de révélation des idées.

Nous aimerions illustrer, à partir d’un cas réel, comment peuvent fonctionner ces incubateurs.

Un projet de développement ne se construit pas à partir de rien.
Il est le fruit d’un environnement déterminé où des problèmes apparaissent sans qu’il n’y ait nécessairement de solution adéquate ou sans que n’apparaisse vraiment une nécessité de solution.

Nous allons évoquer une commune au Mali située entre Bamako et Sikasso.

Elle regroupe environ 5.000 habitants répartis sur 7 villages. Les femmes qui représentent une bonne moitié de la population sont regroupées en associations peu encadrées mais relativement dynamiques. La commune fournit une main d’œuvre payante aux grosses exploitations agricoles (céréales, coton) pour des travaux de semis, sarclage, récolte, transport, etc.

L’agriculture et l’élevage sont les principales activités économiques, le maraîchage et l’arboriculture y sont pratiqués en saison sèche. Plusieurs marigots arrosent la commune et permettent la production du riz dans les bas – fonds et aussi de poissons.
Il y en plus une activité de cueillette (karité, néré, tamarin, plantes de médecine traditionnelle) ainsi que de production en saison sèche de bois de chauffe et le charbon de bois.

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La commune tient un marché hebdomadaire qui permet d’écouler des condiments, produits de cueillette, lait, charbon.

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marché d’Ouroun

Certaines femmes, regroupées en association, ont recours au micro-crédit pour renforcer les activités génératrices en revenus. Au travers des nécessités de ce type d’emprunt, elles prennent aussi doucement conscience des possibilités qu’offre la vie associative.
Au travers d’entretiens que nous avons eu avec elles, on s’aperçoit qu’elles prennent conscience de pouvoir faire mieux au travers d’un travail collectif.

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Mais il manque l’encadrement de formation qui va leur permettre de concrétiser la mise en place de nouvelles activités.

On ressent qu’elles trouveraient utile de mettre en place un ensemble d’activités diversifiées basées sur le maraîchage, le petit élevage, la production fourragère, l’aviculture, la formation et l’accompagnement des quelques initiatives de micro entreprises du milieu (réparateurs, tailleurs, photographes, potières, etc.).

Ce sont autant de thèmes qui pourraient être développés au sein d’une pépinière de développement et s’enrichir par la rencontre et la discussion entre tous les partenaires. De même, chaque acteur de ces cellules y trouverait des sources d’évolution de son potentiel propre.

Il permet aussi à ses membres d’apprendre à trouver et poser les bonnes questions.

 

_D90Ouroun_4439_DxOle rôle attribué au maraîchage pour assurer une activité de vente de condiments et de plantes potagères sur les marchés et l’élevage, entraîne d’autres questions et fait surgir d’autres pistes comme par exemple :

  • L’élevage va demander une production fourragère pour permettre une pérennisation de l’alimentation du bétail, il y a aussi d’autres débouchés tels que l’embouche, la production de lait. Il offre de cette manière un terrain d’osmose entre les éleveurs et les agriculteurs. Mais il contribue aussi par le type de céréales produites (maïs, sorgho, mil) à la sécurité alimentaire de la communauté.
  • L’aviculture offre les mêmes intérêts que le petit élevage mais il offre l’intérêt de produire de la fumure organique.
  • Le maraîchage va poser le problème de l’irrigation, des méthodes agricoles, du choix des graines, du stockage.
  • L’élevage va focaliser les gens sur les méthodes d’élevage, la connaissance des races plus productrices, les systèmes d’alimentation du bétail, les problèmes vétérinaires, la conservation des aliments, les méthodes d’embouche, etc.

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L’environnement communautaire va aussi être interpellé par la nécessité de mettre en place des structures professionnelles également génératrices de revenus, tels que forge, moulins, production de fumure organique, circuits d’approvisionnements et de stockage des produits consommables, entretien des pistes, entretien des circuits d’irrigation, etc.

Mais il faut provoquer le déclenchement de cette transition d’une activité individuelle vers une activité collective où les connaissances de chacun s’ajoutent les unes aux autres pour devenir un savoir collectif qui s’enrichit dans les expériences.
C’est en cela que les pépinières de développement s’avèrent utiles car elles permettent à la collectivité de s’approprier la dynamique à partir d’une préoccupation commune.

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