Nous continuons d’évoquer ces fameux boursiers de la diaspora malienne qui s’en viennent acquérir des diplômes dans les universités françaises.
Beaucoup d’entre eux veulent revenir au pays.
Ils étaient partis, confortés par l’espoir que ce retour était possible, pour différentes raisons dont la plus évidente, l’assurance qu’une qualification supérieure ne pouvait déboucher sur rien d’autre qu’un engagement de qualité dans l’univers sociétal de leur pays.
Beaucoup ont du déchanter.
Tout simplement parce que l’incertitude qui caractérise tout l’environnement économique n’offre plus de prise solide pour ancrer les espérances d’un avenir serein et tranquille.
Autrement dit, le diplôme n’est plus la seule clé qui ouvre l’assurance d’un long chemin de vie.
Ils étaient partis pour revenir « le coeur plein d’usage et de raison » et se rendent compte que les choses ne sont pas aussi évidentes que cela.
Se posent alors de nombreuses questions existentielles.
Il faut poser le futur dans le cadre d’un projet permanent sans recourir aux solutions classiques ou sans rester dans la rigidité d’une tradition sociale et communautaire.
Le retour au pays trouve sa justification dans « le désir des jeunes maliens de prendre en main leur avenir et d’être des acteurs du développement de leur pays à travers des idées de projets et des réalisations concrètes« . Justification citée par la « Cellule pour le Développement« , qui regroupe des boursiers maliens, mais qu’on retrouve dans bien d’autres associations.
Le thème a été posé sans qu’un cadre conceptuel n’ait vraiment été mis en place.
Pour beaucoup, répondre à cette problématique consiste à s’engager dans une carrière de fonctionnaire ou une carrière universitaire.
Pour d’autres, c’est vouloir devenir entrepreneur, créer sa propre entreprise, dans un environnement social, économique et juridique très complexe et très peu transparent.
Et dans un cas comme dans l’autre, les facteurs présumés de réussite seront liés à la qualité professionnelle, c’est-à-dire encore une fois à un diplôme. Réussir dépendra de la manière dont on regarde dans son rétroviseur.
Alors qu’on peut convertir la problématique autrement, en disant, comme je l’ai entendu, « il faut trouver des solutions utiles à la société ».
Dans un univers instable où chacun se pose des lancinantes questions d’avenir, il faut pouvoir s’insérer dans le développement et satisfaire à des exigences de solidarité sociale et économique.
Il faut inventer une nouvelle valeur ajoutée qui permettra de contribuer à faire bouger toutes les lignes du cadre figé traditionnel. Une valeur ajoutée collective et communautaire.
Il faut aussi s’insérer dans le développement tout en étant acteur de la diaspora, sans connaître de manière viscérale les réalités du pays profond.
Il faut donc élaborer un concept qui assurera une symbiose constante dans le transfert et la clarification des informations.
Il faut aménager un terrain de création collective où tous les acteurs, tant ceux de la diaspora que ceux de l’intérieur pourront entrer dans une logique réactive d’échange.
Il faut mettre à plat différentes réalités, personnelles, environnementales, techniques, et les confronter dans un schéma constructif d’examen et d’élaboration.
La Cellule pour le Développement en possède déjà les premiers éléments par l’existence de ses deux entités.
Celle qui est en France qui peut moduler sa réflexion à partir des éclairages in vivo de la réalité perçue par la cellule de Bamako.
Unis dans une même volonté de participation au développement, ils assureront leur propre essor dans une volonté permanente d’échange et de passage à l’action.