Un chômage qui ne dit plus son nom atteint la jeunesse africaine. Pour le Mali, on parle de chiffres de l’ordre de 8 à 10 %. Mais encore, ce chiffre ne représente que ceux qui recherchent officiellement un emploi avec l’aide d’agences officielles comme l’Agence Nationale Pour l’Emploi.

« Comme de nombreux autres jeunes, Oumar n’a jamais mis les pieds dans les agences de placement comme l’ANPE. Tout le contraire de Aliou Traoré, 26 ans, détenteur d’une licence en droit privé. Chaque semaine ou deux, il fait un tour à la direction régionale de l’ANPE de Bamako.»

lire : Mali : Entre précarité et débrouille, le quotidien des jeunes chômeurs maliens

Beaucoup de jeunes diplômés vivent dans une situation précaire, accumulent les petits boulots, nourrissent également leur grogne et leur désespoir au sein de collectifs comme BI-TON ou d’associations comme Mouvement national des diplômés sans emploi (MODEM).

Le phénomène est connu. Nous avons déjà fait référence à un rapport de l’OIT, « Emploi et questions sociales pour les jeunes dans le monde (2016) ».

« En Afrique subsaharienne, pour les jeunes âgés de 20 à 29 ans, l’absence de possibilités d’emploi viables est souvent le principal facteur décourageant leur participation au marché du travail. Les taux de chômage des jeunes demeurant toujours élevés et la transition entre l’école et la vie active devenant de plus en plus difficile, un nombre croissant de jeunes ne sont ni étudiants, ni pourvus d’un emploi, ni en formation, une situation qui comporte des risques de détérioration des compétences, de sous-emploi et de découragement. »

Il est lié à une forte inadéquation entre la formation et l’offre du marché de travail, à ce que nous appelons, l’illettrisme du demandeur d’emploi.

Il y a aussi une carence énorme dans la vision de ce qu’est la compétence et la valorisation personnelle. Un diplôme n’est pas une garantie d’emploi.

Promouvoir l’emploi, ce n’est pas seulement créer des diplômes. Chez beaucoup de jeunes, il y a une incapacité à se projeter dans un projet professionnel, à comprendre que la recherche d’un emploi s’inscrit dans une logique de valorisation des compétences.

Promouvoir l’emploi, c’est aussi, disposer d’un réseau d’infrastructures qui fonctionnent à un coût normal, d’une politique du crédit qui ne nuit pas à l’investissement.

Promouvoir l’emploi c’est pouvoir disposer d’un tissu industriel mais aussi et surtout d’un secteur artisanal et manufacturier, tant urbain que rural. La PME, facteur de développement économique et bassin de premier d’emploi, n’a pas d’existence formelle. Elle manque des moyens nécessaires à sa pérennité et à son expansion et surtout de considération

Pour remédier à cette situation, on sort les vieilles pharmacopées comme les stages dans la fonction publique et la promotion de la création d’entreprise.

L’APEJ, Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes, organise un programme de volontariat dont le but de permettre aux jeunes diplômés de bénéficier d’un stage d’imprégnation, de se familiariser avec l’environnement de l’administration, d’acquérir une première expérience professionnelle et de renforcer leurs aptitudes pour mieux préparer leur accès aux emplois publics, para publics et privés. La durée du stage est de 12 mois non renouvelables et ne concerne que les jeunes diplômés maliens qui sont dans la tranche d’âge de 15 à 40 ans. 21.000 dossiers de candidature pour 3.000 postes à pourvoir.

Lire : Mali : 10ème programme de volontariat de l’APEJ : Plus de 21000 dossiers de candidature pour 3000 postes

La presse vient de publier les résultats au test d’entrée à l’Institut Universitaire de Gestion (Université de Bamako) pour l’année académique 2017-2018. 800 candidats admis dont 350 en Création et Gestion des Entreprises, 300 en Organisation et Gestion des Entreprises, 150 en Sciences et Techniques de Commercialisation.

Lire : Mali : Urgent : Résultat du test d’entrée à l’IUG

Promouvoir l’emploi, c’est avant tout, amener la jeunesse à pouvoir se projeter dans un univers professionnel, à lui faire comprendre que recherche d’un emploi et aventure entrepreneuriale, s’inscrivent dans une même logique. Celle du projet professionnel.

C’est une quête.

Le postulant doit comprendre que si ses aptitudes de base comptent, ce qui compte surtout, c’est sa capacité de lire les besoins et les intérêts de l’entreprise dans laquelle il veut postuler. C’est aussi comprendre que ses aptitudes ne se limitent pas aux intitulés d’un diplôme, mais s’inscrivent dans un savoir être et dans un savoir faire.

Devenir entrepreneur c’est trouver une idée qui soit en cohérence avec les besoins d’un marché. C’est faire un lien entre ses compétences, le développement d’une idée, et un marché.

Chercher un emploi ou créer une entreprise relève de la même logique d’action, celui du projet professionnel.

Il faut, avant toute chose, aider ce porteur d’un projet à :

  • Voir clair dans ce qu’il cherche ;
  • Pouvoir analyser lui-même et faire la distinction entre ce qui est faisable et ce qui est utopiste ;
  • Définir les garde-fous et les points de contrôle qui mesureront son avancement vers un objectif ;
  • Et en fin de compte, assumer ses forces et ses faiblesses en connaissance de cause.

Une idée de projet est à la convergence de plusieurs facteurs.

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Il faut pouvoir redonner l’envie à ceux qui ont perdu tout espoir, qui se sentent découragés. Il faut aussi pouvoir donner les armes nécessaires à ceux qui se sentent démunis devant l’obligation d’un choix d’avenir.

Il faut pouvoir se connaître

« Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne-toi et regarde d’où tu viens. » (proverbe sénégalais)

Nous ne sommes pas par hasard dans une situation déterminée. Nous devons nous interroger et revisiter notre histoire pour trouver les clés et comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là.

Se connaître, c’est identifier les éléments clés, les tournants de votre vie, les meilleurs souvenirs autant que les périodes les plus difficiles. Comment les avez-vous ressenties ? Vous avez rencontré des personnes qui vous ont marqué, quels enseignements en tirez-vous ? Quels ont été les événements familiaux les plus marquants ? Etc.

Il faut que chacun puisse évaluer ses atouts à la lumière de son passé pour prendre la décision d’action qui corresponde à son ressenti propre. Notre personnalité est le fruit d’une histoire

Pour savoir pourquoi vous en êtes là et surtout pour savoir la suite à donner à votre « envie », à ce « rêve ».

Travailler sous l’angle du modèle économique

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La question principale est de savoir dans quelle mesure une idée de projet répond de manière concrète et pratique aux motivations des publics concernés.

Pouvoir questionner les bénéficiaires et les clients potentiels pour se mettre à leur place est essentiel au processus de conception du modèle économique.

Cela doit être fait au préalable et de manière impérative.

Cela permet d’avoir des réponses à des questions fondamentales, comme :

  • De quoi a besoin notre client et comment l’aider ? Quelles sont les aspirations de notre client et comment l’aider à les réaliser ?
  • Comment nos clients préfèrent-ils qu’on leur parle ? Comment en tant qu’entreprise, avons-nous notre place dans leur environnement ?
  • Quelles relations nos clients souhaitent-ils que nous établissions avec eux ?
  • Pour quelles propositions de services, les clients sont-ils réellement disposés à payer ?

Cela permettrait de mieux cibler ses objectifs, de définir une stratégie et de pouvoir faire les choix qui permettent de se distinguer de ses concurrents.

C’est aussi apporter la réponse à 3 questions :

  • A qui le projet va-t-il s’adresser ?
  • Quels services le projet va-t-il proposer ?
  • De quelle manière le projet va-t-il s’organiser pour proposer ses produits et ses services à ses clients ?

Au terme de ces interrogations, le candidat pourra affiner les éléments nécessaires à sa recherche d’emploi et surtout se dégager d’une attitude passéiste qui ne conduit qu’à une révolte stérile.

Il est nécessaire d’entrer dans une phase active et d’assumer ses choix. Il est important de faire évoluer son histoire.

4 commentaires sur « Il est important de faire évoluer son histoire. »

  1. La connaissance de soi et le fait d’assumer ses envies sont des axes à développer au sein de la jeunesse malienne qui est souvent perdue entre exigences de la société et son épanouissement personnel et professionnel. Elle subit plus qu’autre chose son avenir ! Mais surtout elle étouffe son potentiel est ses capacités en étant dans la philosophie de faire « ce quon lui dit  » plutôt que ce qu’elle a envie.

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  2. Analyse pertinente. Je tiens à te faire part de l’inactualité du blog foustogola.wordpress.com. C’est ceci, mon nouveau blog avec pleine analyse des réalités africaines, maliennes et du monde.

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